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Mais j’arrive au morceau le plus important de cette lettre, au paragraphe le plus gros d’étonnements et de révélations inattendues. Chaque mot mérite d’en être relu et pesé : « La satire en vers, et même en beaux vers, est aujourd’hui décriée ; à plus forte raison la satire en prose, surtout quand on y réussit d’autant plus mal qu’il est plus aisé d’écrire en ce pitoyable genre. Je suis très-éloigné de caractériser ici l’auteur de l’Année littéraire, qui m’est absolument inconnu. On me dit qu’il est depuis longtemps mon ennemi. À la bonne heure ! on a beau me le dire, je vous assure que je n’en sais rien. Si, dans la crise où est l’Europe et dans les malheurs qui désolent tant d’États, il est encore quelques amateurs de la littérature qui s’amusent du bien et du mal qu’elle peut produire, je les prie de croire que je méprise la satire et que je n’en fais point. »

N’est-ce pas qu’on est forcé de sourire, surtout si l’on songe que l’auteur de cette belle profession de foi vient de rimer le