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il se comporta avec une modération dont on ne lui a pas assez tenu compte. Lui qui avait fait mitrailler Marseille, il se fit presque pardonner ses mitraillades par les Marseillais ; on le reçut dans quelques salons ; on goûta son esprit. L’amour, qui devait tenir tant de place dans sa vie, l’y guettait et l’atteignit tout à coup. La famille Bonaparte habitait Marseille. Conduit chez Mme Laetitia, il remarqua une de ses filles, la ravissante Pauline, qui fit une vive impression sur son cœur ; il plut, et sa recherche fut agréée. Un instant il put croire à une alliance qui eût placé bien haut dans l’avenir le nom de Fréron ; mais on exigeait le consentement de Bonaparte, on ne voulait rien conclure sans lui. Cette formalité semblait d’ailleurs à Fréron la chose la plus simple du monde, si j’en juge par la lettre assez cavalière qu’il envoya à Toulon par un courrier :


« Marseille, le 4 germinal an IV.

« Tu m’as promis avant de partir, mon cher Bonaparte, une lettre pour ta femme ;