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bruit et se sont agitées tant de passions ; ce projet me revint naturellement à l’esprit. Le deuxième jour de mon arrivée, je me rendis à la bibliothèque de Quimper et j’y demandai, sans croire beaucoup au succès de ma demande, les œuvres d’Élie-Catherine Fréron. Je savais l’indifférence de certaines villes de province pour leurs enfants. Eh bien, à ma surprise et à ma satisfaction, l’aide-bibliothécaire me conduisit devant une dizaine de rayons où s’étalait, en très-convenable état et à hauteur de main, la collection complète des trois cents volumes environ de l’Année littéraire.

Une fois à ce râtelier, j’y pris goût. J’étais comme bien des gens, je n’avais lu de Fréron que quelques numéros isolés. L’ensemble de son recueil, difficile à rencontrer, et la commodité où je me voyais de le consulter, gagnèrent pendant huit jours un habitué de plus à la bibliothèque de Quimper, qui dut m’en être reconnaissante. J’aime ces bibliothèques de province, calmes et propres comme des dortoirs de couvent, toutes parfumées de la