Les amateurs de livres se divisent en deux classes : les bibliophiles et les bibliomanes.
Il y a des types amusants parmi ces derniers. Nodier a tracé le portrait d’un bibliomane qu’il appelle Théodore, et dont il rapporte quelques traits d’un comique raffiné.
C’est Théodore qui ne regardait plus les femmes qu’au pied ; et quand, dans un bal, une chaussure élégante avait attiré son attention :
« Hélas ! disait-il, en tirant un gémissement profond de sa poitrine, voilà bien du maroquin perdu. »
Théodore tomba un jour gravement malade. Sa femme et sa fille firent appeler un prêtre.
« Croyez-vous à la sainte Trinité ? lui demanda celui-ci.
— Comment ne croirais-je pas au fameux volume de Trinitate, de Servet, répond le bibliomane en se soulevant sur son lit, puisque j’en