Page:Monselet - Curiosités littéraires et bibliographiques, 1890.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
67
ET BIBLIOGRAPHIQUES

LES OIES

Jamais Rouget de l’Isle n’a été plus en faveur que maintenant. On recherche avidement tout ce qui le concerne ; on lui élève une statue ici et là, — à lui qui a passé les trois quarts de sa vie dans une pénible médiocrité.

Je vais répondre à ce besoin de curiosité bien légitime en citant de l’auteur de la Marseillaise une pièce de vers publiée dans les Annales romantiques de 1826. Elle n’a rien d’épique, par exemple, et elle porte modestement pour titre : les Oies.

Mais, telle qu’elle est, elle est encore d’actualité :

Une longue perche en main,
Pierrot au marché voisin
Menait une troupe d’oies,
Et, pressé qu’il était, très peu civilement,
Les hâtait, les chassait, les poussait en avant
Sans les laisser d’un pas s’écarter de leurs voies.
De colère gonflés, nos oiseaux cheminaient
Et de leur guide, entre eux, vivement se plaignaient ;
Quand survient un passant. Tous, à rompre la tête,
Les voilà de piailler en dressant leurs longs cous :
« Voyez, homme de bien, voyez comme nous traite