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ET BIBLIOGRAPHIQUES

DES VERS DE BARBEY D’AUREVILLY

Barbey d’Aurevilly est peu connu comme poète. Il a cependant sacrifie à la Muse. Mais quelle Muse ! Il a raconté, en strophes brûlantes et flambantes, ses luttes corps à corps avec… l’eau-de-vie.

Je pris pour maître un jour une rude maîtresse,
Plus fauve qu’un jaguar, plus rousse qu’un lion !
Je l’aimais ardemment, âprement, sans tendresse,
Avec possession plus qu’adoration !
Je ressentais pour elle un amour de corsaire.
Un amour de sauvage, efîréné, fol, ardent !
Cet amour qu’Hégésippe avait dans sa misère,
Qui nous tient lieu de tout quand la vie est amère,
Et qui fit mourir Sheridan !

C’est bien comme cela que je m’imaginais la poésie de l’auteur de l’Ensorcelée et des Diaboliques, avec des claquements de dents et du sang dans les yeux !