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ET BIBLIOGRAPHIQUES

L’ÉLOGE DU MAQUILLAGE

Je lisais l’Éloge du Maquillage, par Charles Baudelaire. C’est décidément un travail fort curieux et fort savant.

Baudelaire vante le maquillage dans son style solide et précis. Il repousse beaucoup de ce qui est naturel et veut une part plus large à l’artifice.

Je suis conduit, — dit-il, — à regarder la parure comme un des signes de la noblesse primitive de l’âme humaine. Les races que notre civilisation, confuse et pervertie, traite volontiers de sauvages, avec un orgueil et une fatuité tout à fait risibles, comprennent, aussi bien que l’enfant, la haute spiritualité de la toilette. Le sauvage et le baby témoignent, par leur aspiration naïve vers le brillant, vers les plumages bariolés, les étoffes chatoyantes, vers la majesté superlative des formes artificielles, de leur dégoût pour le réel, et prouvent ainsi, à leur insu, l’immatérialité de leur âme.

Tout cela sent fortement le paradoxe, mais cela amuse en étonnant.