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SA VIE, SON ŒUVRE


Monsieur de Cupidon, publié en 1854, auquel l’auteur dut sa première réputatiou et aussi un surnom flatteur.

On peut donc dire que M. de Cupidon s’était révélé dès ses premiers pas dans la littérature.

Quant au poète, tel il est à dix-sept ans, tel il doit rester toute sa vie. Un de ses meilleurs poèmes, en effet, est daté de 1843 (Courrier de la Gironde du 25 juillet), c’est la pièce intitulée Muezzin dans les Vignes du Seigneur :


Ce matin, penché, seul, à ma fenêtre,
L’ombre, autour de moi, pleine de rumeurs,
J’attendais, rêveur, le jour à paraître,
L’œil vers l’horizon aux rouges lueurs.

La nuit s’enfuyait, honteuse et surprise,
Le ciel éteignait ses pâles regards ;
Et, des noirs buissons qu’agitait la brise,
Triste, j’écoutais les souffles épars…


Reste le causeur familier des revues de la semaine, le « critique influent » du Courrier de la Gironde. La malice, qui est aussi une caractéristique du talent de Monselet, déborde à tout propos dans ses comptes rendus. Le critique, par exemple, n’avait pas débuté précisément parla bienveillance, — ses démêlés avec M. Théodore Anne, vaudevilliste de l’empire et de la restauration, un des librettistes de Marie Stuart. représentée à l’Opéra en 1844, défrayèrent un instant la chronique bordelaise et eurent amené fatalement une rencontre, n’eût été la distance de Bordeaux à Paris… par diligences. Il n’en subsiste pas moins un consciencieux lundiste, analysant avec soin et jugeant avec goût, tel qu’on le retrouvera plus tard, de 1857 à 1887, au Monde illustré.

Charles Monselet se présente bientôt sous une face nouvelle : le critique fait place à l’auteur dramatique.

Une parodie de Lucrèce, en un acte et en vers, — Lucrèce ou