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CHARLES MONSELET

« L’entrée de Charette à Nantes est un de ces événements dont on parle encore dans les vieilles familles. »


Me voici arrêté cette fois devant une plus douce image, au souvenir de laquelle plusieurs lignes sont encore nécessaires ; Il s’agit de Mlle Trébuchet, native de Nantes, qui devint la mère de Victor Hugo.

La longue et intéressante liaison de Monselet avec Victor Hugo, L’étal d’intimité qui en était résulté, la haute estime dans Laquelle Le maître voulait bien tenir le disciple, devaient naturellement porter mon père, dont l’esprit s’attachait plus particulièrement aux petits côtés de la chronique, à rechercher les traces du passage de Victor Hugo enfant à Nantes. Ce fut encore là prétexte à une page délicate qui eut le don de toucher le cœur du poète et attira au chroniqueur de nouvelles assurances de sa profonde et constante amitié :


L’amitié d’un grand homme est un bienfait des Dieux,


assure le proverbe ; toujours est-il que Charles Monselet put s’en glorifier et ce fut surtout pour lui une grande consolation que cette estime particulière du maître.

Mais il n’est même pas besoin d’être Breton, il suffit d’avoir parlé avec admiration de la Bretagne ou seulement d’avoir posé le pied sur son sol pour être désormais sacré aux yeux de Charles Monselet. Faiblesse d’un homme d’esprit, dira-t-on peut-être en souriant, mais qui prouve néanmoins un attachement sincère à la terre natale.

C’est ainsi qu’il parle de Balzac :

« Je serais mal venu à tenter une description de Guérande après les trente ou quarante pages superbes que Balzac y a consacrées au début de son roman : Béatrix ou les Amours forcés. On ne s’approprie pas une contrée, un peuple, une architecture avec plus de puissance et de couleur. »