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SA VIE, SON ŒUVRE


souffrit pour ces deux causes qui se confondent en une seule. On le persécuta, on le condamna, on l’emprisonna, on le calomnia surtout. Aucun genre d’outrage ne lui fut épargné pendant sa vie. Cela vaut bien une statue après sa mort… »

Puis, ramenant son héros au lieu de sa naissance, il ajoute :

« Lamennais aimait son berceau d’un amour profond, il y est sans cesse revenu, et, par son caractère, ses habitudes, ses qualités et ses défauts, il doit être considéré comme une des expressions les plus complètes du lire du Breton bretonnant. »


Ainsi l’idée du sol, de la province, reste la note dominante de Charles Monselet dans ses écrits sur la Bretagne et les Bretons.

Mais où son admiration ne connaît plus de bornes, c’est lorsqu’il parle de Brizeux, ce doux poète : on dirait qu’il a appris à lire dans son magnifique poème des Bretons ; des strophes entières sont restées gravées dans sa mémoire. Il les cite en plus d’un endroit :


                             … Ô peuples de Corré,
Vaillants hommes de Scaër, Loc-Ronan, Plou-Aré,
Vous n’avez rien perdu des anciennes coutumes ;
Nos pères reconnaîtraient leurs fils à leurs costumes :
Vous la portez encor, la braie aux plis flottants,
Et vos grands cheveux bruns, longs depuis trois mille ans !…


Et Charles Monselet s’éprend de l’auteur de Marie au point de calquer son modèle dans un gracieux poème : Marie et Ferdinand, écrit à l’heure de ses débuts, dans sa dix-septième année.

Chateaubriand, Fréron, Lamennais, Brizeux ! Il semble qu’on retrouve comme le reflet de chacun d’eux dans la personne de leur biographe.

Ne rencontre-t-on pas en Monselet un peu de cette petite noblesse du xviiie siècle dont Chateaubriand fut, un des derniers rejetons littéraires ? Il y a du petit marquis dans