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SA VIE, SON ŒUVRE

J’avais inspiré des vers à Victor Hugo, moi, moi ! Il m’adressait des vers, comme si j’étais Louis Boulanger ou Théophile Gautier. Tout ce que j’avais rêvé dans ma jeunesse ! »

Comme tous les poètes, Monselet avait une religion secrète et croyait en Dieu à la façon de son illustre ami : son éducation religieuse avait été celle d’un Breton et il s’en fallut de peu qu’il entrât dans les ordres. Mais le clergé du xixe siècle ne ressemble en rien au clergé du xviiie siècle — Mgr Dupanloup diffère du cardinal Dubois — et Monselet, en abbé, eût poussé trop loin la comédie. Il faut plutôt voir en M. de Cupidon un fataliste : — avec Gérard de Nerval, il croyait également à la métempsycose.

Philosophe, Charles Monselet a supporté sans le moindre murmure une existence remplie d’épreuves : lui-même a rimé le quatrain suivant :


… J’aurais pu souffrir davantage,
Mais, de bonne heure, plein d’orgueil,
J’eus toujours le rare courage
De cacher les pleurs de mon œil…


De caractère doux et patient, Monselet joignait en outre à toutes ses qualités un cœur d’or : — pour le mieux prouver, je transcris ici ces vers adressés à Mme veuve Monselet, mère de l’écrivain, — et datés de 1875, quelques années après la mort de M. Monselet père, survenue le 28 janvier 1871 :


ÉCRIT SUR UN LIVRE D’HEURES


23 mai 1875.


Vieil enfant négligent, mais prompt au repentir,
            À ma mère adorée
J’offre aujourd’hui ce livre où l’on voit resplendir
            La parole sacrée.