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XV

« Il y a, messieurs, dans l’œuvre de Charles Monselet, une toute petite page, fine et légère comme toutes celles qu’il nous laisse ; peu connue cependant, peu prisée peut-être des purs lettrés qui recueilleront ses écrits, — et c’est de cette page-là que je viens vous parler.

» Anacréon, une fois en sa vie, a fait de la politique. Il trouvait les lettres bien plus belles, et il avait raison : mais il a pensé, dans sa droiture native, qu’il fallait cependant bien vibrer quelquefois aux émotions de tout le peuple et quitter les jolies Muses pour les laides constitutions.

» Ainsi a-t-il fait, messieurs, car il avait beaucoup de libéralisme dans l’âme et son scepticisme n’était que de surface : de même qu’il avait fait simplement son devoir aux jours d’angoisse patriotique, il a, au moment du Seize-Mai, fiché la baïonnette au bout de sa plume, et il est allé de l’avant.

» Il y est allé avec ardeur, avec courage, avec talent, cela va sans dire. Et, comme l’indignation qu’il ressentait ne lui avait point fait perdre toute mesure, il put voir grossir le nombre de ses amis littéraires, en dépit des coups qu’il portait à ses adversaires politiques. Ce fut pour lui tout bénéfice, car il n’avait perdu la sympathie de personne, et il avait fait son devoir.
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» Certes, messieurs, sa politique ne fut ni pédante ni encombrante ; il en eut une cependant, et c’est par là, qu’auteur sans date, il se rattache vraiment à un temps où le scepticisme est