vision de philosophie — notre écrivain s’accommode d’ailleurs de l’existence ainsi faite, et l’existence, à son tour, semble un instant lui sourire : ses livres se succèdent et sont favorablement accueillis : Panier fleuri (1873) ; Scènes de la vie cruelle ; les Années de gaieté (1875) ; le Petit Paris (1879) dénotent un véritable talent d’observation et d’analyse.
C’est alors que, sur ces entrefaites. — MM. Saint-René-Taillandier et Sylvestre de Sacy venant de mourir successivement. — Charles Monselet crut pouvoir se présenter à l’Académie française, non pas qu’il eût la prétention d’être admis du premier coup, mais espérant toutefois être engagé… à repasser un peu plus tard.
La lettre qu’il adressa à M. Camille Doucet, secrétaire perpétuel, mérite d’être reproduite en sa teneur :
J’ai l’honneur de solliciter les suffrages de Messieurs de l’Académie française. Le fauteuil auquel j’aspire est celui de M. de Sacy.
Il y a plus de modestie à vous énumérer quelques-uns de mes titres littéraires qu’à vous les cacher. Les ouvrages où j’ai tâché de mettre le plus de moi-même sont :
Oubliés et Dédaignés, figures littéraires de la fin du XVIIIe siècle ; les Ressuscités ; la Lorgnette littéraire ; les Souliers de Sterne ; Fréron ; les Années de gaieté ; les Scènes de la vie cruelle ; le Panier fleuri, etc., etc.
J’ajouterai que le souci de la langue française a toujours été ma principale préoccupation, même dans cette forme de publicité, le journalisme, à laquelle j’aurais voulu faire une part plus restreinte dans mon existence.
Peut-être l’Académie française excusera-t-elle ce que quelques-uns de mes livres ont de frivolité à leur surface, en se souvenant que le sourire est une des expressions particulières au caractère français.
Veuillez agréer, etc.
Les journaux applaudirent pour la plupart à cette démarche d’un de leurs confrères.