voies nouvelles. Le salut de l’avenir est dans une rupture absolue avec le passé…
»… La littérature, à force de vouloir analyser la société, en était venue à d’effrayants résultats de décomposition. Elle avait des monstres de toute sorte à nous exhiber dans des bocaux ou dans des livres de formats variés. Elle avait plongé au fond de tout ; elle savait le fin mot et le dernier mot de toutes les turpitudes. Il importe qu’elle borne là ses conquêtes… Qu’aurions-nous à gagner à une science encore plus complète ? Écrivains, mes confrères, laissez reposer votre scalpel, et revenez bien vite à la bonne plume d’oie de nos pères et de nos grands-pères.
» N’hésitons pas non plus à nous débarrasser de ce mauvais esprit qui avait fini par gâter les meilleurs sentiments ; esprit gouailleur et funeste, sans grâce, sans retenue, sans pitié, et qui a contribué plus qu’on ne saurait croire à notre déconsidération ; esprit contourné jusqu’à l’absurde et cependant à la portée du premier venu. Ô la queue démesurée et misérable de Beaumarchais ! Ô les Rivarol du ruisseau !
» Lorsqu’on aura renoncé à cet esprit-là et à cette ardeur de curiosité, à tout ce que j’appellerai l’outrance, cette maladie de notre époque, il restera encore assez de force vitale pour reconstituer une littérature. Grâce au ciel, la France est la terre classique du talent : c’est une vérité reconnue et saluée du monde entier. Nous sommes une nation d’écrivains. Désespérons de tout, mais ne désespérons pas de notre cerveau. Seulement il sera nécessaire que le génie se résigne à subir une direction, à obéir à un parti pris. Son indépendance n’en souffrira pas autant qu’il pourrait le redouter ; on ne lui demande aucun sacrifice pénible : on veut le tourner vers le bien, voilà tout.
» Si j’avais un programme à formuler, voici comment j’essaierais de déterminer les conditions s’appliquant aux deux expressions les plus mondaines de la littérature : le roman et le théâtre.