tion, autant dans les Femmes qui font des scènes montre-t-il de gaîté et de finesse, s’abandonnant librement à la fantaisie et à la malice. En paraissant à la même époque, ces deux livres dédoublent, mieux que la plume ne pourrait le faire, le caractère de leur auteur qui cache un littérateur de race sous les apparences d’un amuseur de qualité.
Voici comment débute Charles Monselet à propos de Fréron :
« Je me trouvais à Quimper au mois de mai dernier ; c’est là que le souvenir de Fréron vint me frapper tout à coup. Fréron est né à Quimper, en effet : cela ne doit pas surprendre : il ne fallait rien moins qu’un Breton pour la tâche de résistance que représente l’Année littéraire. Depuis longtemps, je m’étais proposé d’étudier cet homme, autour de qui s’est fait tant de bruit et se sont agitées tant de passions ; ce projet me revint naturellement à l’esprit. Le deuxième jour de mon arrivée, je me rendis à la bibliothèque de Quimper et j’y demandai, sans croire beaucoup au succès de ma demande, les œuvres d’Élie-Catherine Fréron. Je savais l’indifférence de certaines villes de province pour leurs enfants. Eh bien, à ma surprise et à ma satisfaction, l’aide-bibliothécaire me conduisit devant une dizaine de rayons où s’étalait, en très convenable état et à hauteur de main, la collection complète des trois cents volumes environ de l’Année littéraire.
» Une fois à ce râtelier, j’y pris goût. J’étais comme bien des gens, je n’avais lu de Fréron que quelques numéros isolés. L’ensemble de son recueil, difficile à rencontrer, et la commodité où je me voyais de le consulter, gagnèrent pendant huit jours un habitué de plus à la bibliothèque de Quimper, qui dut m’en être reconnaissante. J’aime ces bibliothèques de province, calmes et propres comme des dortoirs de couvent, toutes parfumées de la bonne odeur des boiseries et des reliures, à peine hantées par quatre ou cinq lecteurs silen-