écrit à la Bastille, nous avons tâché de la faire revivre dans la plupart de ses œuvres satiriques et clandestines, mais possibles.
» Il ne faut jamais que la manifestation imprimée d’un homme, quelle qu’elle soit, se perde entièrement… Ce n’est que tout autant qu’un roman est obscur ou rare que nous l’admettons dans notre bibliothèque. »
Mais voilà, d’autre part, qu’au moment où chacun va s’écriant : la Presse se meurt, la Presse est morte ! le banquier Moïse Millaud crée un nouveau type de journal quotidien à cinq centimes : le Petit Journal, qui obtient du premier coup un succès prodigieux ; — ceci en 1863.
Dès lors, toute la France se réveille chaque matin en lisant, la Chronique de Timothée Trimm : c’est cet infatigable Léo Lespès qui exécute ce tour de force d’une causerie par jour — et cela pendant six ans — de 1863 à 1869.
« … Ce Timothée Trimm — a écrit Monselet (Mes Souvenirs littéraires, Paris, 1888), est un des hommes de notre temps, qui ont bu le plus immodérément à la coupe de la popularité. Il n’a pas été célèbre, il a été fameux, — mais il l’a été autant que qui que ce soit au monde, fameux autant que Robinson Crusoë, autant que Polichinelle, autant que Marlborough, autant que Voltaire. Il a eu son heure d’éclat et de bruit qui a duré huit ou dix ans… Timothée Trimm, les cheveux ébouriffés, court, trapu, les jambes d’un basset dissimulées dans un vaste pantalon à la houzarde, vêtu d’un paletot-sac, chaussé de bottes pointues accusant la prétention au petit pied, avec quelque chose dans la physionomie d’un Balzac inférieur ; eu résumé, l’élégance d’un marchand de contremarques…
»… Un article par jour ! Dans l’origine, cela parut insensé, énorme, monstrueux. On n’avait jamais assisté à un tel tour de force… Et pendant quelques années le peuple ne jura que par Timothée Trimm ; ce fut un engouement, un fanatisme ; on s’empressa sur les pas de Timothée Trimm, autant pour le voir