la critique de l’abbé Boyer revêt en somme des formes adoucies où il est facile de faire la part de l’exagération et du parti pris.
Voici le seul passage à retenir de cette relation ; il est relatif aux débuts de Rétif de La Bretonne :
« … La délicatesse de la santé du jeune Rétif le rendant peu propre aux travaux de la campagne, ses parents résolurent de l’envoyer à l’école afin de le mettre à même de remplir plus tard quelque emploi. Ils le placèrent donc chez son frère aîné, curé de Courgis, prêtre pieux et désintéressé, mais qui malheureusement avait été imbu, sous l’épiscopat de Mgr de Caylus, des erreurs du jansénisme. Cet ecclésiastique qui avait fait de brillantes études, et qui pendant trois ans avait professé la philosophie au séminaire d’Auxerre, lui donna les premières leçons de grammaire française et latine. Ce fut le seul maître qu’ait jamais eu Nicolas.
» Rétif montra de prime abord une ardeur instinctive de savoir, une pétulance excessive de caractère, et une humeur indisciplinable. Cependant il donnait une partie des nuits à l’étude et dévorait indifféremment tous les ouvrages qui lui tombaient sous la main. Revenant de temps à autre à Sacy, on le voyait dès l’âge le plus tendre composer de petits romans que ses frères et ses camarades écoutaient avec beaucoup d’intérêt et d’attention. Son tempérament se développa de bonne heure ; c’était un alliage de vices et de manies bizarres. Fou de plaisir, ne se trouvant bien qu’au milieu de l’agitation et du bruit, ses parents furent obligés, lorsqu’il n’avait encore que quinze ans, de l’éloigner de chez eux pour mettre fin à des intrigues qui auraient pu avoir des suites fâcheuses pour l’honneur d’une famille estimée et respectable.
» Placé comme apprenti chez un imprimeur d’Auxerre, il chercha à déduire la femme de son patron, et fut pour cet acte honteux et criminel chassé de l’atelier. Alors il revint dans son village. Son père, qui était un homme vertueux et extrê-