style diminué du pavillon de Hanovre, avec ce jardin en avant, bordé d’une grille et à deux pas de l’Opéra.
» C’est au rez-de-chaussée de cet hôtel que, pendant une vingtaine d’années, la littérature de Paris et de partout s’est assise chaque soir… On y vint des quatre coins du romantisme. Pétrus Borel s’y rencontra avec Lassailly ; Eugène Pelletan y lit la connaissance de Préault ; les mélancolies de Chenavard y alternèrent avec les colères de Berlioz ; Théodore Toussenel, qui venait de traduire Théodore Hoffmann et Roger de Beauvoir qui venait de rimer la Cape et l’Épée tinrent à honneur d’augmenter cette clientèle jeune et brillante. Meissonier passait par là, on le pria d’entrer. Le lendemain, il revint avec Célestin Nanteuil, déjà célèbre par d’admirables eaux-fortes. Le marquis de Belloy et le comte de Gramont y représentèrent l’aristocratie ; Auguste Luchet y représenta le tiers état ; Henri Monnier y représenta tout ce qu’on voulut, et particulièrement la satire écrite, peinte et jouée.
» J’y ai vu dans la même soirée le lailleur Renard, le comédien Bocage, le publiciste Johu Lemoinne, Pierre Dupont, Amaury Duval et Choquart, le garde du corps Choquart… J’y ai vu la belle tête grise de Daumier auprès du front crépu de Privât d’Anglemont. J’y ai vu le pauvre Alfred de Musset commencer ses mélanges atroces de bière, d’eau-de-vie et d’absinthe. J’y ai entendu M. de Ruolz regretter le temps où il faisait des opéras avant de fabriquer des couverts en platiné.
» Courbet y a exposé ses théories… Courbet venait au divan surtout pour serrer la main de ses compatriotes : Francis Wey, Armand Barthet, Clesinger, tous francs-comtois comme lui. Mais alors il ne fallait pas songer à s’approcher de cette table de famille. Quel bruit, bon Dieu ! quels éclats !… »
Au journal la Presse et à l’Événement, Monselet avait aperçu plusieurs fois Balzac ; à l’Époque, il connut Vacquerie et Jouvin. Il fut pendant un temps — le temps de sa collaboration