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VIII

Un homme ne peut être étudié seul. Le milieu dans lequel il se meut, ses penchants, ses goûts, ses aspirations et ses admirations expliquent en partie ses ouvrages.


Il ne faut pas s’y tromper : 1848 est le signal d’une révolution complète — politique, littéraire, artistique, industrielle, commerciale. Du renversement définitif de la royauté et de la création des chemins de fer date un siècle nouveau : 1848 marque un progrès immense dans les idées, un bouleversement considérable dans les mœurs. Progrès et réformes sont dus à l’initiative d’hommes jeunes et déterminés qui vont asseoir une civilisatioo nouvelle.

Le peuple, en proclamant la république, érigeait surtout en doctrine le principe de liberté générale — mais la seule République des lettres devait tenir tête au temps et aux événements — tandis que la république, forme de gouvernement, devait aboutir encore une fois au gouvernement d’un seul ; les libertés acquises devaient être suivies bientôt de restrictions et de proscriptions.

« Les lettres, il est vrai, a dit M. Alfred Rambaud dans son Histoire de la civilisation contemporaine en France[1], les lettres n’ont pas attendu 1848 pour manifester ce caractère nouveau, car, dès 1830, elles commencent à s’inspirer de l’esprit démocratique. Elles ont contribué à préparer 1848 ; elles n’ont fait, depuis lors, qu’accentuer leurs tendances. Il

  1. Paris, A. Colin. 1880.