» Voici les titres qui furent proposés :
» Par Baudelaire, nature compliquée et d’un enjouement spécial : le Hibou philosophe ;
» Par Gérard de Nerval, doux rêveur dont les yeux avaient encore des étincelles de l’Orient : le Coq d’Or ;
» Par Champfleury : la Gazette de faïence ;
» Par Thoédore de Banville : le Thyrse ;
» Par Charles Asselineau : le Romantique ;
» Par moi : les Propos littéraires.
» À chacun de ces titres, les libraires se regardaient et manifestaient une inquiétude croissante.
» C’est ce qui explique comment le journal s’appela tout simplement, de par leur volonté : la Semaine Théâtrale.
» La Semaine Théâtrale fit son apparition au milieu de l’indifférence générale.
» Baudelaire y avait écrit cependant deux ou trois articles à effet, qui ont été recueillis dans ses œuvres complètes. Dans le premier, Jésus-Christ était appelé l’infâme Galiléen, et il y était beaucoup question de Tibère et du marquis de Sade.
» La Semaine Théâtrale n’excita quelque émoi que parmi certains auteurs dramatiques contre lesquels Champfleury avait dirigé un article intitulé : Pétard attaché à la perruque de l’École du bon sens.
« L’article était amusant, mais violent ; on s’en prit à moi. Je me fâchai et j’écrivis dans le numéro suivant une centaine de lignes qui se terminaient de la sorte : « Ah ! cela vous contrarie qu’on gêne votre petit commerce ? Parbleu ! je le crois bien. Et puisque vous n’aimez pas la critique qui s’attache aux individus, la critique Daumier qui parle du chapeau et des jambes, eh bien ! je vous donnerai, moi, de la critique polie, honnête, modérée, de la critique de discussion, de la critique de littérature, — et vous me direz après laquelle des deux vous préférez. »
» J’étais jeune alors… »