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SA VIE, SON ŒUVRE

Mercredi. — Visite à Anténor Joly. Il me dit qu’il n’y a rien à faire pour le moment, mais que dans quelque temps nous gagnerons beaucoup d’argent et de me laisser exploiter par lui.

— Ceci est à la lettre.

Visite à l’Époque. Vergniaud me propose — encore (textuel) — d’écrire dans l’Entr’acte. Ah mais ! ah mais ! pourquoi pas dans la Casquette de l’Outre ? Néanmoins il m’octroie une nouvelle en deux feuilletons à faire pour l’Époque.

Ô mon bonhomme, tu vois où en est la littérature parisienne ! — J’ai jugé convenable de reprendre mon journal intime à cette époque critique de mon existence, afin que la postérité la plus reculée en gardât la mémoire. Mais il est temps que cela finisse. — Cela m’amuserait trop de mourir de faim. Ah ! par exemple, voilà une chose qui m’amuserait. — Mais je ne puis me passer cette fantaisie, n’ayant point payé mon terme.


Jeudi. — De grand matin je me rends chez Arsène Houssaye. Je lui demande cinquante francs qu’il me refuse avec désintéressement et effusion.

Sombre désespoir de ma part.

À mon retour, je trouve ta lettre. Je vais faire tous mes efforts pour me trouver en vie lors de ton arrivée ; mais dépêche-toi, je ne promets rien.

Je porte une redingote à ma tante Molière et je vais me livrer à une débauche de beefsteak.


Vendredi. — Je fais ma revue pour l’Artiste et je vais la porter à l’imprimerie.

B***, qui voyage pour les vins et qui a appris mon adresse, je ne sais comment, arrive chez moi sans vergogne. Il me paye à dîner et me mène ensuite au théâtre des Variétés passer la soirée.


Samedi. — À la fin, cela va-t-il durer longtemps ? — Visite