Ce soir, les Tuileries flamboient de haut en bas ; il y a sans doute grand gala à la cour.
Dimanche, 23 août 1846. — Je crois qu’il y a un argent fou à gagner dans Paris avec des brochures dans le genre des Bordelais en 1815. Mais, je te répète, à propos de tes vaudevilles, que ce n’est pas du potable qu’il faut, pour arriver promptement.
Lundi, 24 août. — Je travaille à ma nouvelle pour l’Époque. Pour me distraire, je vais le soir à l’Opéra qui est moins beau que notre Grand-Théâtre, quoique un peu plus grand. Tout y est fané, vieilli ; le rideau est dégoûtant à faire peur. Je vois deux actes de la Juive, avec une mise en scène qui, si elle n’est pas des plus neuves, est du moius consolante pour la province. Ce n’est point un parti pris. Tu verras.
Mardi. — Travail.
Mercredi. — Travail.
Jeudi. — Je mets la dernière main à ma nouvelle en deux feuilletons, intitulée : Monsieur de Cupidon — en style régence — et je la porte immédiatement à l’Époque, à l’adresse dite : Anténor Joly.
Vendredi. — Neuf heures du matin. Je suis dans mon lit. On frappe à ma porte : « Entrez ! » On n’entre pas ! Supposant avoir affaire à un G*** quelconque, je répète : « Ouvre, sacrebleu ! ouvre, sacrrr.. ! » Aussitôt apparaît M. Houzé, l’éditeur du Livre des familles. Un éditeur ! c’était un éditeur que je traitais ainsi. Un éditeur vient me trouver. Je reçois un éditeur dans mon lit. Les éditeurs abondent chez moi. L’éditeur n’est donc point un mythe. En voilà un. « Que veux-tu, éditeur ? — Un feuilleton du genre et du format de Flocheux, un feuilleton, s’il vous plaît. — Tu n’es pas dégoûté, éditeur ! — Je l’illustrerai, je le remplirai de bonshommes, je le ferai tirer à cinquante