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ainsi que sa progéniture. Jeanne de Riégo, dame de Sombernon, pour avoir quelques messes abandonne à l’abbé quatre familles serves de Sombernon. (Cart. de Font. passim.)

Les enfants nés d’une mère serve étaient également serfs sur les terres abbatiales comme dans les manses féodaux, d’autres devenaient serfs par la misère, les dettes ou les guerres sans cesse renaissantes entre les châteaux voisins. Les victimes de ces guerres prenaient la fuite et se retiraient de préférence dans les couvents où ils avaient l’espérance de trouver le calme, un traitement plus doux et un moyen de taire leur salut mieux qu’ailleurs. Cette espérance n’était pas trompée, surtout à Fontenay, renommé par sa clémence pour ses serviteurs.

En effet, pénétrés de l’esprit de l’Église, aux yeux de laquelle nous sommes tous égaux, parce que nous avons tous le même père, que nous sommes tous rachetés par le même sang divin, connaissant tous les canons portés par de nombreux conciles pour recommander la douceur a l’égard des serfs, mettant en pratique la doctrine de saint Paul aux Galates, « Non est neque Judæus, neque Græcus, neque servus, neque liber ; omnes enim vos unum estis in Christo Jesu » nos religieux traitaient leurs serfs avec plus de bonté que les seigneurs qui n’avaient pas encore quitté la dureté des mœurs romaines et gauloises. Ils s’étaient engagés par un pacte avec les seigneurs de Bussy à ne pas pendre haut et court leurs hommes, quand même ils auraient commis des crimes. Un pacte pareil à cette époque est la marque la plus sensible d’un grand adoucissement