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des questions religieuses, et si les croyants ont pu l’accuser de profaner la religion, on peut à plus juste titre lui accorder le mérite d’avoir fait comprendre à tous l’importance de la science des religions pour l’intelligence de l’histoire et d’avoir éveillé dans beaucoup d’âmes le goût des choses religieuses.

De même qu’il n’a pas été un créateur dans le domaine de l’érudition, Renan n’a pas été non plus un novateur en philosophie. Ses études théologiques ont développé en lui les qualités du critique et du savant et l’ont dégoûté des systèmes métaphysiques. Il était trop historien pour voir dans ces systèmes autre chose que les rêves évoqués dans l’imagination des hommes par leur ignorance de l’ensemble des choses, les mirages successifs suscités dans leur esprit par le spectacle changeant du monde. Mais, s’il n’est pas un philosophe, il est un grand penseur. Il a répandu à pleines mains, dans tous ses écrits, sur tous les sujets, sur l’art comme sur la politique, sur la religion comme sur la science, les idées les plus originales et les plus profondes. C’est autant comme penseur que comme historien que Renan a été le fidèle interprète du temps où il a vécu. Notre époque a perdu la foi et