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plus illustres par la puissance pittoresque de l’expression avec une simplicité plus grande de style et un sens artistique plus délicat.

Ce qui fait du reste la beauté et la richesse du style de Renan, c’est qu’il n’a jamais été ce qu’on appelle un styliste ; il n’a jamais considéré la forme littéraire comme ayant sa fin en elle-même. Il avait horreur de la rhétorique et ne voyait dans la perfection du style que le moyen de donner à la pensée toute sa force, de la vêtir d’une manière digne d’elle. Tout était naturel chez lui. C’était la simplicité de sa nature qui se reflétait dans la simplicité de son style ; la richesse et l’éclat de son style venaient de la plénitude de sa science, de la puissance de son imagination et de l’abondance de ses idées.

Renan n’a pas été un créateur dans les études d’érudition ; il n’a, ni en linguistique, ni en archéologie, ni en exégèse fait une de ces découvertes, créé un de ces systèmes qui renouvellent une science ; mais il n’est pas d’homme qui ait eu une érudition à la fois aussi universelle et aussi précise que la sienne :linguistique, littérature, théologie, philosophie archéologie, histoire naturelle même, rien de ce qui touche à la science de l’homme ne lui est étranger. Ses travaux d’épigraphie et