M. de Sacy, E. Renan ne publia pas ce volume, dont le don dogmatique et sévère aurait rebuté les lecteurs et dont les idées étaient trop neuves et trop hardies pour être acceptées toutes à la fois. Les Français auraient
devenu légitimiste, et que je
suis encore bien tenté de l’être, s’il m’est démontré que la
transmission héréditaire du pouvoir est le seul moyen d’échapper au
césarisme, conséquence fatale de la démocratie telle qu’on l’entend en
France. Si c’est là la conséquence de 89, ainsi qu’on nous le dit, je
répudie 89 ; car je suis convaincu que la civilisation moderne ne
tiendrait pas cinquante ans à ce régime… Depuis ces événements je suis
devenu tout curiosité ; je ne vis que des nouvelles et des impressions
d’autrui. »
Son caractère ne le portait pas à la résistance active. Voici comment il
jugeait, le 17 mai 1852, la question du serment :
« Mon avis est que ceux-là seuls devaient refuser qui avaient participé
directement aux anciens gouvernements… ou qui actuellement avaient
l’intention arrêtée d’entrer dans une conspiration contre celui-ci. Le
refus des autres, bien que louable s’il correspond à une délicatesse de
conscience, est à mon avis regrettable. Car outre qu’il dégarnit le
service public de ceux qui peuvent mieux le remplir, il implique que
tout ce qui se fait et tout ce qui se passe doit être pris au sérieux…
En ce qui me concerne, on ne m’a encore rien demandé ; je vous avoue que
je ne me trouve pas assez d’importance pour faire une exception au
milieu de mes collègues, qui, pas plus que moi, ne sont partisans
du régime actuel. Il est évident que, de fort longtemps,
nous devons nous abstraire de la politique. N’en gardons pas les
charges, si nous n’en voulons pas les avantages. »
Néanmoins ses sentiments contre l’empire étaient très vifs. En 1853 dans
une autre lettre, il dit qu’il ne veut plus signer d’articles dans
l’Athéneum français « parce qu’on y a inséré des vers à la Montijo. Ce
ne sera qu’en faisant ligue et résistance sur tous les points, qu’on
sortira de cette infamie. »