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maturité, par sa merveilleuse facilité de travail ; et, après avoir fait brillamment sa philosophie au séminaire d’Issy, il entra à Saint-Sulpice pour y étudier la théologie. Saint-Sulpice était alors en France le seul séminaire où se fût perpétuée la tradition des fortes études et en particulier la connaissance des langues orientales. Les Pères qui y enseignaient, et spécialement le Père Le Hir, orientaliste éminent, rappelaient, par l’austérité de leur vie, par la profondeur de leur érudition, les grands savants que l’Église a produits au XVIIe et au XVIIIe siècles.--Renan devint rapidement l’ami, puis l’émule de ses maîtres. Ceux-ci voyaient déjà en lui une gloire future de la maison, sans se douter que les leçons mêmes qu’il y recevait allaient l’en détacher pour toujours.

C’est une crise purement intellectuelle qui fit sortir Renan du séminaire. L’état de prêtre lui souriait ; il avait reçu avec une joie pieuse les ordres mineurs, et aucune des obligations morales de la vocation ecclésiastique ne lui pesait. La vie du monde lui faisait peur ; celle de l’Église lui paraissait douce. Il n’y avait en lui aucun penchant à la raillerie ou à la frivolité. Mais, en lui enseignant la philologie comparée