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sur toutes les puissantes manifestations de l’esprit humain, s’éprenant successivement du catholicisme du moyen âge et du protestantisme de Luther, du génie de César et des républiques de Flandre, il concentrait cette sympathie sur quelques grandes causes, dont il devenait l’apôtre ; l’ardent foyer qui brûlait en lui, plus concentré, brilla d’une flamme plus haute et plus vive. Ces causes étaient toutes nobles et saintes ; elles se résumaient dans les mots de paix, de justice, de progrès. Il voulait réconcilier les nations dans la fraternité universelle ; réconcilier les partis et les classes dans l’unité de la patrie ; réconcilier la science et la religion dans l’âme humaine. C’était là, à ses yeux, le credo laissé par la Révolution. Sa pensée s’étant précisée, son style était devenu plus personnel, plus original, plus dégagé de toute convention, de toute influence extérieure, plus conforme à sa pensée.

La révolution de février 1848 éclata. Michelet put croire un instant à la réalisation de tout ce qu’il avait désiré, voulu, prêché. Il put croire que son apostolat n’avait pas été stérile, lui qui avait voulu tirer de l’histoire un principe d’action et créer « plus que des esprits, des âmes et des volontés ». Son illusion fut de