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la publication des pièces du procès des Templiers (1841-1851), 2 vol. in-4o ; enfin il publiait les Origines du Droit (1837), où il cherchait à montrer que l’ancien droit français était non un ensemble de formules abstraites et de déductions rationnelles, mais l’expression vivante du développement historique de l’humanité et de la nation.

Quelque absorbé qu’il fût par les études sur le moyen âge, Michelet avait une nature trop vivante et trop impressionnable pour rester étranger aux passions contemporaines. Volontairement éloigné des distractions du monde, il n’en était que plus accessible aux grands mouvements d’idées qui entraînaient sa génération. En 1836, il se fit mettre en congé à l’École normale, soumise à l’énergique mais étroite direction de M. Cousin, et en 1838 il fut appelé à la chaire d’histoire et de morale au Collège de France. Au lieu d’un petit auditoire d’élèves, auxquels il devait enseigner, sous une forme simple, des faits précis et une méthode rigoureuse, il eut devant lui une foule ardente, mobile, enthousiaste, qui lui demandait, non plus la jouissance austère des recherches scientifiques, mais l’entraînement momentané d’une parole éloquente et généreuse. Le caractère