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de ces leçons éloquentes et pleines d’idées où il savait si bien communiquer aux autres la passion qui l’animait. Lui, de son côté, puisait dans son enseignement, dans l’entourage affectueux et sympathique de ses élèves, la force qui devait le soutenir et l’inspirer dans le travail de toute sa vie.

L'Histoire romaine fut le premier fruit de cette période heureuse de jeunesse et d’enthousiasme. À ce moment les travaux de Guizot et d’Augustin Thierry avaient donné une impulsion extraordinaire aux études sur le moyen âge. L’ouvrage de Michelet parut au premier moment devoir exercer une influence semblable sur l’étude de l’antiquité. La puissance de son imagination, la magie de son style donnaient à l’histoire de la vieille Rome la réalité de l’histoire contemporaine. Les hardies hypothèses de Niebuhr, restées jusqu’alors inaccessibles à la masse du public lettré et comme étouffées sous une obscure et pesante érudition, apparaissaient tout à coup vivantes et colorées. Le récit de Michelet semblait plus convaincant que la plus solide démonstration ; où Niebuhr s’efforçait de prouver, lui il voyait et il montrait. Néanmoins l’œuvre de Michelet n’eut en France que peu d’influence. La routine de