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Taine sur la genèse des grands hommes consiste à voir en eux des produits de la race, du moment, et du milieu, et à démêler ensuite dans leur individualité une faculté maîtresse dont toutes les autres dépendent. On a souvent critiqué cette théorie, si séduisante pourtant ; mais, s’il est beaucoup d’hommes de génie à qui elle s’applique avec peine, elle s’applique à merveille à Taine lui-même.

Il est bien de son pays et sa race ; il est de la lignée des meilleurs esprits français : ami des idées claires et pondérées, de la simplicité harmonieuse ; éloquent, rationaliste et raisonneur, point sentimental, point mystique, mais solide, loyal et vrai ; amoureux de la beauté des formes et des couleurs. Si ces qualités s’associent chez lui à un ton parfois tranchant, à une sévérité parfois chagrine et satirique, on peut y voir, si l’on veut, une influence de ses origines ardennaises.

Il est, par excellence, comme nous l’avons montré, le représentant de son époque, de son moment. L’effondrement, le lamentable fiasco de la République de 1848 avait guéri les Français de l’enthousiasme et des chimères, et dès 1840 Sainte-Beuve déclarait que le romantisme avait avorté. Les esprits étaient tout préparés