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causes naturelles qui déterminent ces apparences : tel a été le double effort qui a animé nos poètes, nos peintres, nos sculpteurs, nos romanciers et nos philosophes aussi bien que nos savants. Cette unité d’inspiration et de labeur a une incontestable grandeur en dépit des erreurs où le réalisme a entraîné beaucoup de ses adeptes. Taine a la gloire d’avoir eu, plus que tout autre, la conscience de l’état d’âme et d’esprit de sa génération ; philosophe, esthéticien, critique littéraire, historien, il en a manifesté les tendances avec rigueur, éclat et puissance ; il a exercé sur elle une influence profonde. Si l’on retrouve chez lui certaines tendances de cet esprit classique dont il a été le constant adversaire, s’il a pris trop volontiers la simplicité et la clarté pour des preuves de la vérité, s’il a trop aimé les formules absolues et les systématisations logiques, s’il a aussi conservé quelque chose du romantisme dans son goût pour le pittoresque descriptif et pour les génies exubérants et tumultueux, il a eu, par excellence, ce mérite d’aimer la vérité pour elle-même, de croire en elle et à sa vertu bienfaisante, de la chercher par l’effort le plus sincère et le plus désintéressé, et de montrer à sa génération comment on peut allier la