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il publiait coup sur coup la Philosophie de l’Art (1865), la Philosophie de l’Art en Italie (1866), l’Idéal dans l’Art (1867), la Philosophie de l’Art dans les Pays-Bas (1868), et la Philosophie de l’Art en Grèce (1869), petits écrits qui devaient être réunis plus tard (1880), en deux volumes, sous le titre de : Philosophie de l’Art. Ce titre était exact, car ces petits livres si vivants, si pleins de faits et d’images, ne sont pas autre chose que la démonstration, par des exemples

    noblesse de Rome, à l’exception de quatre familles, est papaline. Joignez à cela la majorité du clergé, la foule des protégés qui vivent par ces grandes familles, et dans les provinces, la majorité des paysans, sortes de sauvages énergiques, bien plus incultes que les nôtres. C’est de ce côté que se tournent tous les efforts de la bourgeoisie gouvernante. Ils comptent pour une recrue tout homme qui apprend à lire. C’est pourquoi ils établissent partout des écoles communales. Les Italiens s’instruisent très vite. On a établi par expérience qu’un Napolitain peut apprendre à lire et à écrire en trois mois, même lorsqu’il est adulte. Deux autres institutions fort puissantes agissent dans le même sens, la garde nationale et l’armée. L’homme du peuple y prend des idées d’honneur, des habitudes de propreté, une sorte d’éducation. J’oubliais de dire qu’ils comptent beaucoup, surtout à Naples, sur l’augmentation de la richesse publique. Dès que le paysan a quelque argent ou un peu de terre, il prend les idées d’un bourgeois. La plantation du coton, les grands travaux qui se font de toutes parts, l’élan nouveau de l’activité privée et publique, la vente des biens ecclésiastiques contribuent à ce grand changement. Si pendant dix ans encore la France empêche l’Autriche d’envahir l’Italie, ils comptent que le nombre des libéraux sera doublé et que la nation sera faite. Voilà ce que je crois avoir démêlé… en causant avec des gens de toute classe. »