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seul le droit d’être enseigné[1]. Du 14 juin 1855 au 9 octobre 1856, il publia dans la Revue de l’Instruction publique une série d’articles sur les Philosophes français au XIXe siècle, articles qui parurent en volume au commencement de 1857. Sous une forme ironique jusqu’à l’irrévérence, mais aussi avec l’argumentation la plus vigoureuse et la plus pressante, il attaquait tous les principes sur lesquels reposait le spiritualisme classique. Il réhabilitait le sensualisme de Condillac en le complétant et en l’élargissant, et il terminait son livre par l’esquisse d’un système qui appliquait aux recherches psychologiques et même métaphysiques les méthodes des sciences exactes. Faut-il voir dans ce livre une œuvre de rancune contre la doctrine au nom de laquelle il avait été naguère condamné ? Il serait sans doute téméraire d’affirmer que ses déboires universitaires ne lui eussent pas laissé d’amers souvenirs ; mais il était incapable de céder consciemment à des ressentiments personnels. Il considérait sincèrement l’existence d’une doctrine philosophique officielle comme une atteinte à la liberté de penser,

  1. Voyez, sur l’esprit dans lequel furent écrits les Philosophes français, la préface de la seconde édition, de 1860.