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avec de charmantes illustrations de Gustave Doré.

Cette année 1854 est une date importante dans la vie de Taine. Le repos auquel il fut contraint, l’obligation de se mêler aux hommes, de se promener, de voyager, l’arrachèrent à sa vie claustrale et à son travail solitaire pour le mettre en contact plus direct avec la réalité. Sa méthode d’exposition philosophique s’était modifiée pendant cette année d’observation de la vie réelle. Au lieu du procédé déductif qui part du fait le plus général ou de l’idée la plus abstraite pour en suivre de degré en degré les conséquences et les réalisations concrètes, il procédera dorénavant en sens inverse et par induction ; il prendra la réalité pour point de départ et remontera par groupements successifs de faits jusqu’aux faits les plus généraux et aux idées directrices. Les conceptions a priori n’auront plus de place dans sa méthode que comme procédé d’investigation, au même titre que l’hypothèse dans les sciences. Rien de plus instructif à cet égard que la comparaison de sa thèse française avec le volume intitulé : La Fontaine et ses Fables, qui parut en 1860 et qui en est le remaniement. La théorie sur la Fable poétique qui formait en 1853 le premier