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opinions des candidats, et par le bon accueil fait à la thèse fort hardie, dans le sens théocratique, de M. Hatzfeld[1]. Dès le 15 juillet, M. Garnier lui faisait savoir que les conclusions de sa thèse sur les Sensations empêchaient la Sorbonne de l’accepter. Il avait bien pris pour point de départ l’[Grec : entelecheia] d’Aristote, et s’était mis à l’abri de ce grand nom ; mais il s’était posé en adversaire de Reid et avait édifié toute une théorie des rapports du système nerveux et du moi, qui, sans être précisément matérialiste, n’était guère orthodoxe[2]. Cette rude déconvenue ne le troubla que quelques jours. Il met de côté pour des temps meilleurs les syllogismes qu’il contemplait « dans une clarté éblouissante », et le 1er août le plan de sa thèse sur La Fontaine est déjà tracé : « Je vais proposer à M. Leclerc, dit-il à Paradol, une thèse sur les Fables de La Fontaine ; il me semble qu’on peut dire là-dessus beaucoup de choses neuves, l’opposer aux autres fabulistes qui ne veulent que prouver une maxime ; la fable devenue drame, épopée, étude de caractères, caractère du roi, des grands seigneurs, etc. ; opposer

  1. Lettre à Paradol du 1er août 1853.
  2. Lettre au même du 2 juin 1852.