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corriger le discours qu’un élève devait adresser à monseigneur Pie, s’abstenir de donner aucun sujet de devoir qui ne fût pas pris dans le XVIIe siècle ou l’antiquité, réfuter l'École des femmes, lire à ses élèves le Traité de Bossuet sur la Concupiscence, et leur interdire, par ordre du recteur, la lecture des Provinciales[1], il restait mal noté, et le 25 septembre 1852, il était chargé de suppléer le professeur de sixième du lycée de Besançon. Cette fois, la mesure était comble. Il demanda un congé qui lui fut accordé avec empressement dès le 9 octobre et qui fut renouvelé d’année en année jusqu’à la fin de son engagement décennal.

Pendant cette pénible année, Taine n’eut d’autre refuge, d’autre consolation que le travail et l’amitié. Il entretenait une correspondance active avec sa mère, avec Suckau, avec Planat, avec Paradol : « La solitude, écrit-il à ce dernier (11 décembre 1851), augmente l’amitié. Il me semble que je pense maintenant à vous avec un souvenir plus tendre… Les idées sont abstraites ; on ne s’y élève que par un effort. Quelque belles qu’elles soient,

  1. Lettres à Paradol du 25 avril, du 2 juin et du 1er août 1852.