Page:Monod - Portraits et Souvenirs, 1897.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est l’abandon des anciens genres littéraires et des prétendues règles de la littérature classique, en un mot, la liberté dans l’art : liberté de combiner le tragique et le comique, l’épique et le lyrique, le lyrique et le satirique, liberté de renoncer aux unités d’Aristote, de choisir ses sujets dans tous les temps et dans tous les pays ; c’est ensuite la recherche de la vérité individuelle et de la couleur locale substituée à la recherche exclusive de la vérité générale et des sentiments humains universels ; c’est encore l’élargissement de l’horizon intellectuel des Français par la connaissance des littératures étrangères ; c’est enfin le désir de ressaisir par l’étude du Moyen âge le secret de nos origines nationales. Par ces justes et légitimes tendances, par ces heureux et nobles efforts, le romantisme, malgré tout ce qu’eurent d’excessif, de superficiel et d’artificiel un certain nombre des œuvres qu’il a produites, est lié à tout ce que notre siècle a fait de grand dans les lettres ; aux formes nouvelles de la poésie et du roman, que ce soit le roman social et psychologique de Balzac, le roman d’aventure de Dumas ou le roman de passion de George Sand ; aux recherches sur la littérature du Moyen âge et sur les littératures étrangères ; enfin et surtout à la rénovation de l’histoire par Augustin Thierry et Michelet. Victor Hugo n’a pas été, à proprement parler, un historien, mais, comme romancier et comme poète, soit dramatique, soit épique, il a fait œuvre historique. Que cette histoire