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Palestine, et, au retour, publiait un charmant journal de voyage, le Pays de l’Évangile, et une Vie de Jésus ; il s’associait à la campagne de propagande décentralisatrise et libérale de l’École de Nancy ; il dirigeait la Revue chrétienne, y écrivait sans relâche et y ajoutait un Supplément théologique ; il prenait une part active à la rédaction de la Revue nationale ; il faisait des cours de littérature ancienne, des conférences de philosophie religieuse, des conférences populaires ; il créait au faubourg Saint-Antoine des cours et une bibliothèque pour les ouvriers ; il suivait avec un intérêt passionné les débats parlementaires auxquels il sentait qu’il était destiné à se mêler quelque jour ; il se tenait au courant de toutes les manifestations intellectuelles, expositions, livres nouveaux, théâtre même, et il était un hôte aimé et recherché des salons littéraires qui existaient encore à cette époque à Paris, chez madame Hollond, chez madame d’Haussonville, chez le duc de Broglie.

Comment, au milieu de tous ces travaux, de cette existence en apparence dispersée en tant de sens divers, il trouvait moyen d’être encore l’homme de la famille et du foyer, je ne saurais le dire ; et pourtant il me semble qu’il était toujours au milieu de nous, animant notre vie à tous, nous faisant participer à tout ce qu’il voyait, pensait, sentait, nous faisant vivre dans la vibration de son esprit, dans le rayonnement de son cœur. Son image est mêlée à tous mes souvenirs de ce temps ; je le revois toujours