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le 16 juillet il m’écrivait ces lignes prophétiques : « Les événements se sont précipités… Le crime est accompli. L’Europe interviendra, mais pas assez vite pour qu’il n’y ait avant un désastre immense[1]. » Il ne se trompait que sur un point, l’intervention de l’Europe.

On sait ce qui suivit. Michelet avec sa santé débile, encore ébranlée par ce dernier choc, ne pouvait songer à partager les privations du siège de Paris. Il se retira en Italie ; mais son cœur restait en France ; de loin il ressentit comme s’il eût été présent toutes les agonies, toutes les souffrances de la patrie. Le coup qui abattit la France le frappa lui aussi. La capitulation de Paris provoqua chez lui une première attaque d’apoplexie. Il s’en relevait à peine quand l’insurrection de la Commune éclata. Le mal revint plus violent, tant il avait identifié sa vie à celle de la France. Cependant, bien que frappé à mort, il se releva encore une fois, grâce à l’ingénieuse tendresse et à l’infatigable dévouement qui veillait à ses

  1. Voyez le fac-similé à la fin du volume.