Page:Monod - Jules Michelet, 1875.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Amour (1858), Michelet nous a dit comment par lamour, l’esprit et le cœur conservent le don d’éternelle jeunesse ; dans la Femme (1859), il a montré ce que peut et doit être la femme, « l’adorable idéal de grâce dans la sagesse par lequel seul la famille et la société elle-même vont être recommencées ». Ces deux livres ont été l’objet de plus d’une critique sévère ; on a reproché à Michelet d’embellir des couleurs de son style et de sa poésie des détails physiologiques qu’il eût mieux valu laisser aux livres de science ; on l’a trouvé indiscret. Il peut y avoir quelque chose de fondé dans ces reproches ; mais le principal tort de Michelet a été de ne pas songer assez au public français, à l’esprit gaulois qui a toujours pris pour sujets de ses railleries l’amour et le mariage. Michelet n’avait rien de cet esprit ; rire en pareil sujet lui eût semblé de l’impiété ; pénétré de la sainteté de la cause qu’il défendait, il osa tout dire, oubliant que, si « tout est pur pour les purs », il n’en est pas de même pour la foule frivole et rieuse. Mais ceux qui liront ces livres avec un esprit sérieux et sincère, et qui y cherche-