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qui était nécessaire à sa vie intellectuelle et morale. Elle fut la gardienne vigilante de son travail, elle fit respecter sa solitude, elle mit autour de lui l’ordre et le calme. Le génie de Michelet, fait d’émotion et de sympathie, avait besoin de sympathie et d’échange constant des sentiments et des pensées. L’enseignement lui avait procuré cet échange avec la jeunesse qu’échauffait et remuait sa parole ; l’enseignement lui était interdit. Il eut désormais auprès de lui l’âme la mieux faite pour le comprendre, en qui ses pensées trouvaient un écho et lui revenaient rajeunies et revêtues des grâces multiples et changeantes de la nature féminine. Il lui dut un renouvellement de vie.


Leurs ressources étaient minimes. Ils quittèrent Paris et se retirèrent à la campagne. Là, sous l’influence bienfaisante de son bonheur domestique, Michelet abandonna pour quelque temps l’histoire, « la dure, la sauvage histoire