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sentait impuissant et découragé. Il eût succombé à l’accablement et au trouble moral où le jetèrent ces catastrophes, s’il n’avait pas eu en lui une puissance indestructible de foi et d’amour, et si un événement heureux n’avait, pour ainsi dire, renouvelé son âme et ne lui avait permis de recommencer une seconde vie.

Vivant loin du monde, absorbé par son travail et son enseignement, ne quittant la solitude de son cabinet que pour la foule réunie autour de sa chaire du collège de France, Michelet, avec sa nature aimante, délicate et passionnée, avait besoin d’être au foyer domestique entouré de soins, de tendresse et de dévouement. Il n’avait pas cette joie : sa femme était morte en 1839 ; sa fille s’était mariée en 1842 ; son fils vivait loin de lui. L’agitation des dix années qui suivirent la mort de sa femme lui avait un peu dissimulé ce qui manquait à sa vie intérieure ; mais maintenant qu’au dehors tout s’écroulait à la fois, qu’allait-il devenir ? Ce fut alors qu’il rencontra celle qui devint sa compagne pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie. Par elle il retrouva tout ce