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gine, il combattit à côté des apôtres socialistes dont il ne partageait pas, du reste, les utopies, et exposa dans le Peuple (1846) les souffrances, les aspirations et les espérances du prolétaire et du paysan ; né sous la révolution et habitué dès l’enfance à voir en elle le salut du monde, il voulut l’enseigner aux générations nouvelles telle qu’il la voyait, comme un évangile de justice et de paix, et il écrivit son Histoire de la Révolution, dont le premier volume parut en 1847. À vrai dire, et malgré les innombrables et minutieuses recherches sur lesquelles cet ouvrage est appuyé[1] ce n’est pas une histoire, c’est un poëme épique en sept volumes, dont le peuple est le héros, personnifié en Danton. Il est possible que la critique historique laisse intactes peu de parties de cette œuvre de Michelet, mais plusieurs passages, la prise de la Bastille, la fête de la

  1. Michelet avait fait un dépouillement très-complet des registres de la commune, détruits depuis par les incendies de mai 1871. Il en a tiré une foule de renseignements curieux qui ne se trouvent pas dans les autres histoires de la Révolution. Il avait aussi attentivement étudié les archives de Nantes pour la guerre de Vendée.