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grands mouvements d’idées qui entraînaient sa génération. En 1837, il quitta l’École normale, soumise à l’énergique mais étroite direction de M. Cousin, et en 1838 il fut appelé à la chaire d’histoire et de morale au collège de France. Au lieu d’un petit auditoire d’élèves, auxquels il devait enseigner, sous une forme simple, des faits précis et une méthode rigoureuse, il eut devant lui une foule ardente, mobile, enthousiaste, qui lui demandait, non plus la jouissance austère des recherches scientifiques, mais l’entraînement momentané d’une parole éloquente et généreuse. Le caractère vague et hybride de la chaire d’histoire et de morale semblait justifier d’avance un enseignement où les idées générales auraient plus de place que les faits, où de hardies synthèses remplaceraient les procédés patients de la critique. À côté de Michelet se trouvaient Quinet et Mickiewicz[1], qui, comme lui, se crurent

  1. Quinet, poëte, historien, philosophe, enseignait l’histoire des littératures du midi de l’Europe. Mickiewicz, le grand poëte polonais, occupait la chaire de langue et de littérature slaves.