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rurent comme les témoins contemporains des siècles abolis dont il écoutait la voix et recueillait le véridique témoignage. Il résolut de donner à la patrie son histoire. En 1833 parut le premier volume de l’Histoire de France ; le sixième, publié en 1843, s’arrêtait à la mort de Louis XI. Ces six volumes resteront, je crois, dans l’avenir, le plus solide titre de gloire de Michelet, la partie la plus utile et la plus durable de son œuvre. Le tableau de la France qui ouvre le second volume, la vie de Jeanne d’Arc, le règne de Louis XI, peuvent être cités parmi les plus beaux morceaux historiques qu’ait produits la littérature contemporaine. On y trouve une érudition consciencieuse, une étude approfondie des documents originaux, et en même temps un génie vraiment créateur, qui pénètre dans l’âme même des personnages et sait les faire vivre et agir. Michelet a un sens historique plus large et plus profond que ses illustres devanciers, Guizot[1] et Augustin

  1. Guizot ne lui fut jamais sympathique. Ils eurent des relations assez suivies vers 1830 ; et quand Guizot devint ministre en 1833, il prit Michelet pour son