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pages ; et la sublimité des cathédrales gothiques faisait oublier la perfection des temples de la Grèce. Il y avait beaucoup d’engouement, de mode passagère dans ce mouvement ; beaucoup de mauvais goût et de fausses couleurs dans la manière dont on peignait le passé historique. Néanmoins tout n’était pas factice dans l’amour qu’on portait aux antiquités nationales. Après le violent déchirement de la révolution, après cet effort gigantesque pour anéantir un passé devenu odieux et pour créer de toutes pièces une France nouvelle, effort qui avait abouti au despotisme et à l’épuisement de toutes les forces du pays, on se prit naturellement à regretter les ruines qu’on avait faites, et l’on se demanda s’il n’y avait rien dans tout ce passé qui fût digne d’être admiré, aimé et, s’il était possible, sauvé du grand naufrage. En politique, la tentative faite pour rattacher la nouvelle France à l’ancienne avait échoué. La Restauration ne sut prendre de l’ancien régime que ses préjugés arriérés et ne sut pas favoriser ce qu’il y avait d’intelligent dans cette réaction contre la révolution et l’empire. Elle fut em-