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beaux de mon imagination, je sentais ces morts à travers les marbres, et ce n’était pas sans quelque terreur que j’entrais sous les voûtes basses où dormaient Dagobert, Chilpéric et Frédégonde[1]. »

Les rares facultés de l’enfant avaient de bonne heure frappé ses parents. Ils avaient foi en son avenir, ils résolurent de tout sacrifier pour donner à leur fils l’instruction qui lui manquait. Son père réduit au dénûment, sa mère malade, consacrèrent leurs dernières ressources à le faire entrer au collège. Il y trouva des maîtres éminents, MM.  Villemain et Leclerc, qui le soutinrent de leur bienveillance, mais aussi des camarades moqueurs qui raillèrent sa pauvreté. Il devint timide, « effarouché comme un hibou en plein jour[2] », chercha la solitude, vécut avec les livres ; mais cette épreuve ne fit que tremper plus fortement son âme. Il sentit ce qu’il valait, prit foi en lui-même.

« Dans ce malheur accompli, privations du présent, craintes de l’avenir, l’ennemi étant à deux pas (1814)

  1. Le Peuple, page 26.
  2. Le Peuple, page 30.