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n’est pas diminuer sa gloire que de lui donner, en tant de directions variées de l’esprit, le rôle d’initiateur.

L’avenir seul pourra discerner dans son œuvre les intuitions justes et les rêveries éphémères. Michelet n’aura pas de continuateurs immédiats, de disciples attachés à la lettre de ses paroles ; mais ses idées germent en secret dans plus d’un cerveau et plus d’un cœur. « Je n’ai pas de famille, disait-il, je suis de la grande famille. » Combien n’en est-il pas, en effet, parmi les hommes d’aujourd’hui, qui sont à des degrés divers unis à lui par un lien presque filial, et ont reçu de lui l’étincelle qui anime leur travail ou leur vie ! Combien n’en est-il pas qui lui doivent des émotions bienfaisantes et durables, qui ont senti après avoir lu ses livres leur cœur élargi, attendri, capable de plus grands sacrifices ! À une époque où tant d’esprits se laissent aller en pratique au découragement, en théorie