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extraordinaire, mais il ne voit pas tout et il ne voit pas toujours juste. Il n’a pas la précision scientifique, la méthode, l’unité de plan et d’idées qui sont nécessaires pour devenir le chef d’une école historique. La préface qu’il a mise en tête du septième volume de son Histoire de France suffirait à montrer qu’il ne pouvait prétendre à un pareil rôle. Après avoir fait de la France du moyen âge un tableau merveilleux de poésie et de vérité, après avoir pendant six volumes fait aimer et comprendre les mœurs et les sentiments de ces siècles à demi barbares, tout à coup, arrivant à la Renaissance, il fut saisi malgré lui de la même haine aveugle, du même esprit de réaction violente qui animait contre le moyen âge les hommes du XVIe siècle ; il voulut rétracter, effacer les pages émues et sympathiques qui resteront malgré lui son plus beau titre de gloire. L’esprit de chacune des époques dont il s’occupait revivait en lui avec un